La bouteille en verre : un écrin devenu incontournable

C’est à l’issue des dernières dégustations que le vigneron-vinificateur procède à l’embouteillage de son vin. Pour la mise en bouteille, le choix du contenant a été réfléchi en amont en vue de la période de maturation du vin et de sa commercialisation.      

La bouteille en verre est ainsi l’écrin final et définitif du vin dans lequel il sera présenté à vous, consommateurs. Son choix n’est donc pas anodin.

 

Les contenants de vin au cours de l’histoire

Avant la bouteille en verre, il faut remonter à 6000 ans avant Jésus Christ pour trouver les premières traces de récipients ayant contenu du vin appelés les Kvevris. Il s’agissait alors de grandes jarres de terre cuite enduites à l’intérieur de cire d’abeille pour garantir leur étanchéité. Elles servent alors uniquement pour le stockage du vin et non pour son transport.

Les types de contenants se sont par la suite diversifiés et succédés : d’abord les amphores, en argile et en céramique, créées par les Égyptiens dont l’apogée de leur utilisation s’inscrit au temps des empires grec et romain. Elles étaient proposées sous diverses formes et contenances et présentaient deux spécificités innovatrices : deux poignées permettant de transporter le vin et un long cou mince réduisant la quantité de vin exposé à l’oxygène.

 

Rangée de vieilles amphores

©Stefan Schweihofer de Pixabay

 

L’évolution et l’innovation technologique voit ensuite l’essor des tonneaux en bois, plus faciles à acheminer par voie terrestre que les amphores. Ces barriques gagnent peu à peu en popularité au fur et à mesure que l’Empire romain s’étire vers le nord.

C’est dans les années 1600 que le verre commence à s’imposer durablement face aux autres matériaux. Avant d’utiliser les bouteilles pour le transport et la commercialisation, la production de bouteilles en verre était réservée à une élite car trop coûteuse. La plupart des carafes et bouteilles, trop minces et fragiles, n’étaient utilisées que pour tirer le vin du fût et le mener jusqu’à la table.

Puis, l’invention du four à charbon permit l’obtention d’un verre plus épais et résistant, favorable à un transport davantage sécurisé du vin. Les bouteilles individuelles font leur apparition dans le cadre de la vente et de la consommation de vins.

C’est à partir du XVIIIe siècle que la bouteille se standardise véritablement. Sa contenance fut très vite fixée à 75 cl. La bouteille joue dès lors un rôle déterminant pour la qualité, la conservation ou encore le transport de toute cuvée.

 

L’anatomie de la bouteille

Pour comprendre les enjeux du choix de ce contenant par le vigneron, il est important de comprendre l’anatomie de cette silhouette bien connue et reconnue des amateurs de vins.

l’anatomie d’une bouteille de vin

En haut la bague et le col forment le goulot. Suit ensuite l'épaule (l'élargissement), le fut (la partie large), le fond et la piqûre (le dessous). 

 

Le format de la bouteille 

Les bouteilles de vins dites « standards » ont une capacité de 75cl. Il s’agit du format le plus répandu et le plus commercialisé aujourd’hui. Durant la seconde moitié du XVIIIIe siècle, la standardisation de la bouteille de 75cl s’explique par la relation commerciale privilégiée entre les Français et les Anglais, principaux consommateurs des vins français. Ces derniers utilisant le gallon impérial comme unité de mesure équivalant à 4,5 litres, les échanges commerciaux et les conversions se sont trouvés facilités par l’utilisation du format standard qui permettait de livrer 6 bouteilles de 75 cl pour un gallon.

Aujourd’hui, le second format bien connu des consommateurs est le magnum, plus prestigieux et souvent associé à des événements festifs. Mais il existe une diversité d’autres tailles de bouteilles en fonction des contenances souhaitées, la plupart d’entre elles demeurant néanmoins plutôt confidentielles voire rares.

 

 

Dessin des différents formats de bouteilles

Le vignoble bordelais propose des variations en termes noms et de contenances :

  • Marie-Jeanne : 2,5 litres
  • Double Magnum : 3 litres
  • Jéroboam : 4,5 litres
  • Impérial : 6 litres

Les bouteilles de grand format ont un verre plus épais que les bouteilles de taille standard. Le vin est ainsi mieux protégé de la lumière, de la chaleur, des éventuelles variations de température et des oscillations pendant le transport.
Elles permettent également au vin de vieillir mieux et plus lentement que les petites bouteilles, lui conférant une profondeur et une plus grande complexité.

Le format de la bouteille a donc une incidence directe sur la conservation du vin. Plus la capacité de contenance est élevée, plus long sera le potentiel de garde.

 

La forme : l’affirmation d’une provenance régionale.

La France est un pays riche en vignes et nos régions viticoles ont progressivement souhaité se démarquer en adoptant un contenant spécifique dans les détails, telle une signature. C’est pourquoi vous avez sans doute croisé dans votre parcours de consommateur de vins une diversité de bouteilles, qu’elles soient de forme conique, bombées ou encore élancées… Chacune, d’un simple coup d’œil, révèle en partie les origines géographiques du vin qu’il accueille.

Selon les régions de France, vous ouvrirez des bouteilles de différentes formes, toutes ont une typicité et chacune représente sa région et son terroir. Les plus connues sont la bouteille bordelaise, couramment utilisée pour le vin rouge et la bouteille bourguignonne.

La bouteille bordelaise

Dans le bordelais, les bouteilles de vin possèdent une forme bien identifiable, reconnue dans le monde entier. Appelée « la bordelaise », la bouteille typique du bordelais présente des flancs droits et des « épaules » hautes carrées. Il s’agit de la forme de bouteille la plus répandue dans le monde.

 

La bouteille bordelaise accueille notre cuvées Clos Les Grandes Versannes.

 

Les vins de Bordeaux rouges sont conservés dans des bouteilles vertes pour les protéger des effets néfastes de la lumière du soleil. Les bouteilles transparentes sont quant à elles privilégiées pour les blancs et les rosés afin de mettre en valeur la clarté de leurs couleurs.

La bouteille bourguignonne 

Aussi appelée la bouteille « feuille morte », elle présente des épaules plus arrondies et inclinées que la bordelaise et une base légèrement plus large. Plusieurs teintes sont possibles, telle la « feuille morte » pour rappeler sa couleur. Au Château La Rose Perrière, notre vin sud-africain Kroonpoort est conservé dans une bouteille bourguignonne, format privilégié par les vignerons d’Afrique du Sud.

La bouteille bourguignonne écrin de notre vin Kroonpoort

 

D’autres formes de bouteilles plus confidentielles

Il existe d’autres formes de bouteilles, moins renommées mais tout aussi typiques des régions viticoles de France : 

  • La Rhodanienne : inspirée de la Bourguignonne, la bouteille Rhodanienne est dotée d’un fût légèrement plus large.
  • La bouteille Alsacienne: élancée et tout en finesse, elle est la plus haute de toutes et exclusivement réservée aux vins issus d’Alsace. Elle est unique et sa forme spécifique est protégée par un décret datant de 1955.
  • La bouteille champenoise : elle est la taille de bouteille de Champagne de référence. Lourde (plus de 800g) et épaisse, elle est conçue pour pouvoir subir la pression importante du gaz carbonique. 
  • La bouteille Provençale : elle peut avoir deux formes pour l’appellation Côtes de Provence : les vins de propriétaires sont généralement embouteillés dans des « flûtes à corset » qui présentent une base plus resserrée tandis que les négociants utilisent quant à eux la bouteille « Côte-de-Provence ».
  • Le Clavelin : on retrouve cette bouteille robuste uniquement pour les vins jaunes du Jura.  Le Clavelin de 62cl, représente la quantité restante de 75cl de vin Jaune du Jura qui aura passé 6 mois en fûts ! 

La teinte du verre

De manière générale, le vin n’aime pas la lumière car certaines substances contenues dans le vin telles que les tanins des vins rouges ou les flavonols des vins blancs, y sont très sensibles. Les réactions chimiques provoquées par une exposition prolongée à la lumière altèrent les propriétés organoleptiques du vin et peuvent même en modifier la couleur. On parle alors du « goût de lumière », phénomène étudié pour la première fois dans les années 1980. Des études poussées ont permis de mettre en évidence une molécule, la riboflavine, mise en cause dans l’altération du vin par la lumière.

Le verre ordinaire protège le vin de cette exposition néfaste à la lumière en absorbant en grand partie les UV. Pour garantir également la filtration de la lumière bleue et violette, les vignerons font le choix d’une teinte pour la bouteille. Le vert et l’ambre sont les couleurs les plus répandues mais en réalité, toute une palette de couleurs est proposée par les fabricants pour protéger le vin mais pas seulement : l’esthétisme des couleurs proposées a pour objectif second de séduire le consommateur que vous êtes et de dynamiser les codes. Moins conventionnelles, certaines teintes offrent un outil de différenciation pour les propriétés viticoles voire même de « premiumisation ».

Bouteilles en verre vides de différentes teintes

Par ailleurs, le verre incolore est également utilisé pour les vins destinés à être consommés rapidement. C’est généralement le cas des vins rosés comme notre Rosé de Syrah et des vins blancs comme notre Château La Rose Perrière Blanc conservés dans des bouteilles en verre incolore qui offrent la possibilité d’apprécier d’emblée la robe du vin dont la couleur est riche d’informations. C’est ainsi qu’on peut admirer en particulier la clarté de la robe et la large palette de nuances des vins rosés.

 

Bouteille du Rosé de Syrah vin de France 2022 du Château la Rose Perrière

Pour les vins de garde et notamment les vins rouges de Bordeaux, les bouteilles vertes sont préférées et de rigueur.

 

Vous l’aurez compris, depuis les origines de la consommation du vin, les contenants ont évolué pour se mettre toujours plus au service de la qualité, des propriétés organoleptiques, de la conservation et du transport du vin mais également de la durabilité environnementale. Aujourd’hui, la bouteille en verre qui vient orner vos tables est proposée dans une palette variée de formats, de formes et de couleurs en vue de favoriser l’identification des origines géographiques des vins, de permettre aux propriétés viticoles et de traduire une montée éventuelle en gamme de leurs références et, in fine, de séduire les consommateurs. Certaines bouteilles deviennent même des objets de luxe, au même titre que le nectar contenu, faisant l’objet d’une approche soignée et novatrice du design. Elles sont également devenues un objet de notre quotidien, présent dans la la majorité des maisons.