Le cycle de la vigne : le débourrement

Le cycle de la vigne, en perpétuel renouvellement, déroule ses variations au fil des saisons et des mois. Entre les gelées du printemps et les premières chaleurs, le mois d’avril est particulièrement important car il voit la vigne reprendre progressivement de la vigueur après les longs mois d’hiver et sa phase de dormance. Faisons un arrêt sur image sur ce mois écoulé pour faire le point sur les changements qui s’y sont opérés.

 

Le débourrement, c’est quoi ?

ALT bourgeons sur un sarment de vigne du Chateau La Rose Perriere

 

Le mois d’avril marque le début de la préparation pour la prochaine récolte et par extension le commencement de l’histoire du prochain millésime. La montée des températures réveille progressivement la vigne qui reprend peu à peu vie. La sève circule de nouveau dans la plante qui se développe : les bourgeons apparaissent le long des sarments. Ces derniers gonflent progressivement, s’ouvrent et se fendent dévoilant ainsi la jeune pousse : c’est la phase du débourrement. Il s’agit du premier signe de croissance après la dormance hivernale. Cette étape est importante car elle marque le début de la période de croissance active de la plante. Pour qu’elle ait lieu, des conditions favorables sont nécessaires, en priorité une température stable et suffisamment élevée pendant un certain temps et une exposition quotidienne à la lumière suffisante pour favoriser la photosynthèse.

 

Débourrement dans les vignes du château La Rose Perrière

 

Les facteurs déterminants

Le débourrement peut être influencé par plusieurs facteurs, tels que la température, l'humidité et la disponibilité en nutriments du sol. Une température trop basse peut retarder le débourrement, tandis qu'une température trop élevée peut accélérer ce processus.

  • La température : le débourrement de la vigne est déclenché par une accumulation de chaleur, généralement à partir d'une certaine température moyenne journalière, qui varie en fonction de la variété de vigne et des conditions climatiques locales.
  • La photosynthèse : la durée d'exposition à la lumière du jour influence également le débourrement de la vigne. En général, les jours plus longs favorisent le débourrement. C’est pourquoi le printemps, avec ses journées plus longues et ses températures qui augmentent généralement est la saison propice au débourrement.
  • L'humidité du sol : une humidité adéquate et modérée du sol est nécessaire pour que la vigne débourre correctement. Un sol trop sec ou trop humide peut retarder le débourrement.
  • Les variétés de vigne : certaines variétés de vigne débourrent plus rapidement que d'autres en fonction de leur génétique et de leurs besoins spécifiques. C’est le cas par exemple des Chardonnay qui sont précoces contrairement au Cabernet Sauvignon.
  • Les pratiques culturales : la gestion du vignoble, notamment la taille, la fertilisation et la gestion de la canopée, influe également sur le débourrement. Les interventions de gestion de la canopée (haut de la vigne) permettent effectivement à la vigne de croître et de se développerde manière équilibrée, robuste et saine. Elles permettent au vigneron de maîtriser le matériel végétal, d’optimiser son exposition à la lumière et son apport nutritionnel en évitant le surdéveloppement végétal qui pourrait nuire à terme au développement de grappes qualitatives.

Une fois le débourrement terminé, les jeunes pousses donnent naissance à de nouvelles feuilles qui se développent et prennent une couleur verte caractéristique. C’est pendant cette période que les premières feuilles et grappes de raisins commencent à se former. La vigne poursuit ainsi sa croissance et se prépare à la floraison, qui est une autre étape importante dans le développement des grappes de raisin, cruciale pour assurer une bonne production de raisin et de vin de qualité.

 

jeunes pousses printanières (avril 2024) et feuilles sur les vignes du Château La Rose perriere    jeunes pousses printanières (avril 2024) et feuilles sur les vignes du Château La Rose perriere

Le débourrement est une étape clé du cycle de croissance de la vigne. C'est aussi le moment où il est important pour le vigneron d’avoir une vigilance accrue sur les dangers potentiels auxquels est exposée la vigne.

Une surveillance de tous les instants

 

En avril, avec le débourrement, le vigneron commence à surveiller la vigne pour lutter contre d'éventuelles maladies ou parasites qui pourraient l’affecter. Les dangers sont multiples :

  • Les gelées tardives : les gelées printanières peuvent endommager les bourgeons précoces de la vigne, entraînant une diminution du rendement de la récolte. Le gel printanier est d’ailleurs l'une des principales préoccupations des viticulteurs. Ces derniers prennent ainsi des mesures préventives telles que la mise en place de tours de ventilation, de tours de chauffage, des bougies chauffantes, des éoliennes ou même des systèmes d'aspersion d'eau. Ces systèmes aident à maintenir la température autour des vignes à un niveau suffisamment élevé pour prévenir les dommages causés par le gel. La surveillance constante des conditions météorologiques est essentielle pour anticiper les périodes potentielles de gel.

Tours de ventilation au milieu des vignes du château La Rose Perriere

 

  • Les maladies fongiques : avec l'humidité et les températures plus chaudes, les maladies fongiques telles que le mildiou et l'oïdium sont les plus redoutées des vignobles. Elles se développent dans des conditions humides et chaudes, principalement au printemps et en été, elles peuvent se propager rapidement, menaçant la santé des feuilles et des grappes en été. Les feuilles, les tiges et les grappes peuvent être infectées, entraînant des taches brunes, des déformations des feuilles et des grappes.
  • La prolifération des ravageurs : Les ravageurs tels que les acariens, les cicadelles et les vers de la grappe peuvent devenir actifs au printemps, causant des dommages aux feuilles et aux grappes en pleine croissance.
  • Le stress hydrique : dans certaines régions où les pluies sont rares en avril, le stress hydrique peut affecter la croissance et le développement des plantes, réduisant potentiellement le rendement.
  • Les mauvaises conditions météorologiques : des conditions météorologiques extrêmes telles que les tempêtes de grêle peuvent endommager les jeunes pousses et les grappes en formation, lorsqu’elles sont les plus vulnérables.

Pour minimiser ces risques, les viticulteurs doivent ainsi prendre des mesures préventives telles que l'application de traitements phytosanitaires ou des alternatives en agriculture biologique , l'installation de systèmes de protection contre le gel comme au Château La Rose Perrière et la surveillance météorologique pour anticiper les conditions sensibles voire dangereuses.

Le mois de mai est désormais là, le cycle de la vigne se poursuit au vignoble. On entendrait presque la vigne se déployer de chaque côté des ceps en guyot double. Nous reprendrons des nouvelles du cycle de la vigne au Château La Rose Perrière dans quelques semaines….